Avec un rôle privilégié, mais astreignant tout de même, le plus grand rallye de Suisse vécu de l'intérieur est une expérience dont on ne se lasse pas.
Engagés depuis 3 ans comme Direction de Course Mobile (DCM) mon collègue et moi avions la mission de contrôler, et de corriger au besoin toutes anomalies rencontrées sur l'entier du parcours du 53ème Rallye International du Valais, et ceci, 35 minutes avant le passage du premier équipage...
Pas une mince affaire, me direz-vous quand l'on sait que ce rallye se déroule sur 3 jours, pour un total de 645 km dont 293 km de spéciales chronométrées et sécurisées.
PREMIER JOUR: rodage et public nombreux.
Le premier jour, c'est bien connu, et c'est comme cela sur tous les rallyes, notre rôle consiste à avoir l'oeil partout, afin de déceler au plus vite ce qui ne va pas, ou ne correspond pas aux données du DC, ou encore à ce qui n'est pas conforme sur le plan de la réglementation en vigueur.
Un panneau mal placé, des commissaires de contrôle horaire sur le côté gauche de la route, alors que le navigateur se trouve à droite dans la voiture, un accès sur une épreuve spéciale (ES) laborieux parce qu'encombré, etc... Nous sommes également en charge de tester le remplissage des carnets de contrôles, la prise des temps, etc...
Et dès que l'on prend le départ d'une ES, notre plus grand job est de vérifier que le public soit en sécurité, qu'il ait bien compris le dispositif de sécurité mis en place. Nous devons donc nous arrêter à maintes reprises, pour inciter les spectateurs téméraires à se mettre en sécurité. Il faut dire cependant, que les spectateurs en Suisse sont assez dociles, et qu'ils comprennent vite nos consignes en matière de sécurité.
Notre véhicule de service (mon véhicule personnel ci-dessus) affublé des marquages caractéristiques ne laisse pas de doute sur le rôle qui est le notre. Cela nous aide dans notre tâche, puisque c'est bien connu, la Direction de Course est l'organe en charge des décisions sur le plan de la course. Pour preuve, sur notre demande, le directeur de course à l'écoute des systèmes radio dans un poste de commandement du rallye situé à Martigny pourrait annuler une épreuve spéciale si le public, trop nombreux, et récalcitrant ne suivrait pas nos consignes de sécurité.
Cette première étape, de 3 épreuves spéciales, s'est déroulée par un magnifique temps d'automne, ensoleillé... et disons-le presque chaud.
DEUXIÈME JOUR: la routine s'installe mais pas pour nous...
Au départ du 2ème jour, il est indispensable pour nous, de repartir à zéro, afin de déceler à nouveau ce qui pourrait poser un problème... et ce problème nous le rencontrons sur la 4ème ES du jour qui en compte 7. Nous devons nous arrêter dans un poste pour prêter mains fortes au commissaire en poste, et faire comprendre à plusieurs spectateurs avinés, que s'installer sur des chaises longues, sur une terrasse de bistrot en pleine trajectoire n'est pas la bonne solution. Mon collègue se charge de manière ferme, d'obtenir des garanties auprès des personnes présentes, afin qu'elles se retirent de cet endroit dangereux, et qu'elles n'y reviennent plus durant le passage des équipages. Le problème est réglé, et nous repartons jusqu'à la prochaine intervention...
Fin de cette 2ème étape, qui s'est déroulée encore sur temps clément. Mais en arrivant à Martigny, la météo change radicalement, la pluie s'installe... La 3ème étape qui comprend les ES les plus hautes (plus de 2200m) sont menacées, la météo annonce une brusque chute des températures.
Je décide donc d'aller remplacer mes roues d'été par des roues neiges...
TROISIÈME JOUR: bonjour neige, froid, brouillard...
Avec ce brusque changement nous catapultant en hiver, notre tache prend une tournure particulière. Les commissaires en poste sont en plein air, et subissent la météo avec plus ou moins de fatalisme, mais la volonté de bien faire reste ancrée chez la plupart des bénévoles engagés sur ce rallye.
Nous nous efforçons alors d'avoir une certaine compassion, pour ces travailleurs de l'ombre, tout en cherchant à détendre l'atmosphère à chacun de nos arrêts dans les multiples postes.
Malgré les conditions exécrables, le rallye tourne, la première ES du jour, courue sous une pluie battante, et dans le brouillard sur les points hauts comprend un grande portion de terre battue, déjà détrempée lors de notre passage. Puis vient le morceau d’anthologie. La fameuse Croix de Coeur... Cette ES qui nous fait prendre de l'altitude au point que... nous trouvons la neige, comme prévu, qui tombe dru, dans une ambiance brouillardeuse... un jour blanc quoi...
(ci-contre le vainqueur final, l'équipage Reuche-Dériat dans ses oeuvres sur la neige)
Compte tenu des éléments, la dernière ES du jour, celle de Verbier, qui emprunte la première partie de celle de la Croix de Coeur sera annulée par le Directeur de course.
Nous terminons donc notre mission, après l'ES 15. Au bilan, pas d'accident grave, un magnifique vainqueur, et une première sur 2 sites (Sion et Martigny) plutôt réussie.
C'est maintenant l'heure des débriefings, afin de tirer les enseignements de cette 53ème épreuve Valaisanne et de voir ce qui peut encore être amélioré.
Bravo aux 66 équipages qui ont été classés et qui ont passé le podium d'arrivée (sur 104 au départ) !
Merci à l'ensemble des personnes bénévoles engagées sur le terrain!
Et vivement la prochaine édition de ce magnifique rallye.